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La Mère Mékong

Les nouvelles aventures de Patricia, hic et nunc

La Mère Mékong au bord du Saint-Laurent-Chapitre 5

Publié le 11 Octobre 2023 par Patricia in Voyage

Mercredi 4 octobre 2023
En route pour Rimouski, en bus Orléans- Express, au départ de la gare du Palais, à Montréal, où Marie- Claire m'a laissée, avec mon énorme valise (pas plus énorme qu'au début). 
Arrivée à 14h15 après un arrêt à Rivière-du-Loup.
J'appelle un taxi,  je me rends à l'agence de location de voitures,  et après de longues tergiversations, nous trouvons un accord et je pars au volant d'une énorme Ford Edge Titanium. Un peu trop grosse à mon goût. 
J'arrive chez Maryse,  mon hôtesse d'échange de maison (encore), et après quelques bavardages de présentation, nous décidons d'aller faire une petite balade sur le  littoral, en bord de fleuve, de mer , comme vous voulez. Il y a quand même 30 kilomètres qui nous séparent de l'autre rive ; et des marées ; et de l'eau salée. 


Bref, on voit des oiseaux, des marais, la ville au loin, et c'est bien agréable, fort sympathique. Et le coucher de soleil. 
Après m'avoir donné ses consignes, Maryse est partie dormir ailleurs. Et moi dans une chambre au sous-sol. 

Jeudi 5 octobre 
Je suis dans le "Bas Saint-Laurent". On trouve toujours un "?" dans chaque ville, symbole de l'office du tourisme. Mais c'est où ?
Sur la route, une grosse fumée commence à envahir l'air. Je pense qu'il y a un incendie dans la forêt et je me dis que je ne pourrai rien voir et que je vais faire demi-tour. Finalement, j'arrive au parc national du Bic. Il n'y a pas le feu. C'est la brume due aux changements de températures.
Les oies sont ici, dans le golfe, près du golf. Je m'arrête pour les observer. 


Long parcours, de 4 heures, dans un parc superbe, parfois dans la brume, parfois au soleil,  marche debouchant sur des petites criques, vu un phoque, pas de de soleil couchant, mais un chevreuil.

La pointe aux Eiders

 

 

La fourche à Louison

Je suis invitée à souper chez Gaston, français vivant ici depuis 19 ans,  présenté par Claude et Renée. Repas français fait maison arrosé d'un Gewurstraminer fait maison ! Nous échangeons sur les voyages et quelques infos sur la Gaspésie.

 

Vendredi 6 octobre

Départ 10 heures, il fait beau et déjà 17 degrés

Petite leçon de conduite : si tu conduis en téléphonant, un citoyen peut te dénoncer !

Ici, les stops se nomment « arrêts » ! (pas d’anglicismes !) Et il y en a souvent 4 aux quatre rues . Tout le monde doit s’arrêter et le premier arrivé peut repartir en premier. Il n’y a pas de priorité à droite.

Les lumières sont nos feux tricolores et sont situées après le carrefour. Si vous marquez l’arrêt au niveau du feu, vous serez en plein carrefour.

Quand le bus scolaire jaune s’arrête, les feux rouges clignotent et un panneau « arrêt » s’affiche sur la portière du conducteur. Toutes les voitures derrière ou en face DOIVENT s’arrêter tant que le feu clignote. C’est une des pires infractions au code de la route.

Je pars visiter le site historique maritime de Pointe-au-Père. Musée Empress of Ireland, poignant et consacré à un tragique naufrage qui n'a pas fait autant de bruit que le Titanic, mais qui a fait plus de morts. C’était le 29 mai 1914 ; Le paquebot de la Canadian Pacific Company en partance pour Liverpool est entré en collision avec un charbonnier norvégien. Il sombra dans les eaux glacées en 14 minutes et fit 1072 morts. On découvre ainsi les secrets de l’histoire et les détails de la plongée pour retrouver l’épave.

Devant le sous-marin.

 

Le phare de Pointe-au-Père et le sous-marin Onondaga, que j'ai observés de l'extérieur.

Pique-nique à l'ombre du phare avec une jolie vue sur les rochers et la mer basse.

Après-midi à 32 km de là, au canyon des Portes de l'Enfer, à Saint- Narcisse-de-Rimouski. Depuis la chute du grand sault, le canyon s'étire sur près de 5 km, entre les parois abruptes et boisées de 90 mètres de hauteur. Après l'hiver, les "Draveurs" empruntaient autrefois cette périlleuse voie d'eau, pour acheminer le bois jusqu'au Saint-Laurent. Je traverse une forêt de pins blancs et rouges et de cèdres centenaires. J’ arrive à la passerelle, une des plus hautes du Québec, à 60 mètres au-dessus du canyon. Il y a là un sentier de « descente aux enfers », qui mène en 300 marches à la berge sauvage de la rivière Rimouski. Je n'y suis pas allée car j'étais assez fatiguée. Il faisait un temps très agréable, j'ai même ôté mon gilet ! 25 degrés ! Whaou !

 

Je suis rentrée à la maison en passant par la case supermarché.

Samedi 7 octobre

Réveillée aux aurores, pas boréales , levée à l'aube, à l'heure où sevit la rosée québécoise, je suis partie, voyez- vous, je suis allée par les chemins côtiers, je suis allée longeant le littoral, suivant les oies et les bernaches, et un paquebot lointain sur le fleuve... je ne puis demeurer plus longtemps au même endroit. Pas le temps. 

A Métis, les jardins étaient fermés et je n'ai pas osé pousser la grille. J'ai vu mon premier orignal, mort, dans la remorque d'un chasseur. A Baies-des-Sables, j'ai pris un petit-déjeuner face à la mer. A Saint- Ulrich, j'ai traqué et mitraillé les oies. A Cap- Chat (j'ai miaulé) j'ai cherché le petit coin, mais j'en ai trouvé deux coincés entre les poubelles. J'ai pique-niqué sur les hauteurs de la ville, face aux éoliennes qui tournent à fond.

Saint-Ulrich

Et après encore 42 km de route, j'ai atteint le parc national de Gaspésie. Je me suis offert une petite randonnée au lac des américains. Pas trop ambitieuse, la blonde, aujourd'hui. Le temps est maussade, tristounet, gris, pas lumineux. Il vente beaucoup à ce petit lac. Je fais vite l'aller-retour. Cet endroit est prisé des familles et il y a du monde sur le sentier.

Lac des américains

Je quitte le parc vers 16h pour aller chez Julie et son chum, à Sainte-Anne-des-Monts. Rue Belleville. On y revient ! On y a une belle vue. Début de soirée sympa. Gin fabriqué ici, c'est à la mode, il paraît, tout comme les bières artisanales. Fin de journée sans profiter du jacuzzi, il y a trop de vent. Au lit de bonne heure. 360 kilometres avalés, c'est pas rien ! ( indigestion ?)

 

Dimanche 8 octobre

Julie me fait un café et ses adieux. Je prends mon café et la route. Pas la mer. Encore de nombreux kilomètres à faire, environ 250. Mais la route 132 qui longe la côte est superbe. Parfois elle s'éloigne de la rive pour traverser des étendues couvertes de forêts, parfois elle revient au bord. Le vent se déchaîne. La pluie, un crachin breton, commence à mouiller le pare-brise. Ça nettoie la poussière du parc, d'hier. Le paysage devient sombre, tout est gris : la mer, le ciel, la route, la pierre volcanique des falaises abruptes. Sauf les panneaux indicateurs qui sont jaunes et qui nous disent de faire attention aux virages ou aux chevreuils qui peuvent traverser ! De temps en temps, on voit aussi un panneau qui nous somme (qui sommes sommes-nous ?) de ne pas laisser les crimes impunis et de les dénoncer. Oui, ici, on dénonce facilement. Y a quelqu'un qui m'a dit...

Je suis contente d'avoir cette grosse voiture aujourd'hui, car elle tient bien la route, qui n'est pas toujours bonne. Je prends quand même mon temps. Je m'arrête, comme d'hab, pour une pause pipi, mais dans les stations-essence cette fois (une suggestion de Julie ! Ça sert de rencontrer du monde ! Hi!hi!).

Je traverse un nombre de villages aux noms improbables, qui ont l'air déserts. L' Anse-Pleureuse, Gros-Morne, Manche-d'Épée, Pointe-à-la-Frégate, Cloridorme, Rivière-au-Renard ... Surgit soudain le Mont-Saint-Pierre, tapi au fond d'une large anse, cernée de collines abruptes. Le village est minuscule, il y a quelques maisons colorées qui font face à la plage de sable noir, quelques motels dont l'enseigne clignote désespérément "ouvert". Une route d'accès au parc national de la Gaspésie passe par là.

Quelques dépanneurs sont ouverts, un ou deux cafés- casse-croûte . Mais il pleut de plus en plus et je pousse (mon moteur, pas ma voiture) jusqu'à ma destination finale, à Gaspé, pointe de Forillon. Chez Soizic, une bretonne, qui m'a laissé sa maison pour 2 nuits et qui est partie en fin de semaine.

Il pleut de plus en plus. Mais un poêle à bois m'attend. Y a plus qu'à...

 

Finalement, je passerai tout l'après-midi et la soirée devant ce nouvel écran rougeoyant. Vous avez bien lu ! Je n'ai rien fait cet après-midi ! Même pas une petite marche dans le parc national Forillon où la chaîne des Apalaches (pas des Apaches) se finit en falaises abruptes dans la baie de Gaspé, même pas un musée   (des Premières Nations Mi'gma'k), encore moins un supermarché (il me faudrait des fruits) ! Rien. Repos. Nichts ! Nada ! Juste une petite sieste. La tempête est annoncée par la météo, sur  le long de cette côte, rafales à 70 km/h ce soir et pluies tard dans la nuit. Juste en face de chez moi. L'automne arrive. Les feuilles tombent, et les couleurs passent... Demain c'est férié !
Ça c'est le lendemain matin, la maison de Soizic.

 

Lundi 9 octobre

Aujourd'hui c'est l'Action de grâce (en anglais : Thanksgiving). Fêtée au Canada le deuxième lundi d'octobre pour célébrer les récoltes abondantes et rendre grâce des bonheurs reçus pendant l’année. La date est fixée par une proclamation du Parlement canadien.

Le soleil est entré dans ma chambre sans effraction car ici pas de volets ni de rideaux occultants. Donc vers 8 heures j'étais prête à partir. Quel contraste météorologique avec le temps d'hier. Je suis contente, je vais pouvoir faire une belle excursion aujourd'hui. C'est un peu loin, Percé, 65 km, mais c'est le dernier jour où l'on peut se rendre sur l'île Bonaventure, parc national. Sur la route, le soleil brille, quand tout à coup, tan tan, une épaisse brume flotte au-dessus de la rivière, la mer, la baie...et s'élève vers la route. On ne voit plus très loin. C'est la différence des températures qui produit cet effet. J'espère que ça va se dégager en arrivant à Percé. La longue route longe le golfe du Saint-Laurent et c'est magnifique. J'ai envie de m'arrêter tout le temps pour prendre des photos et je vais lentement pour admirer le paysage. Suis-je infernale avec moi-même ? Non, l'Enfer, c'est les autres. Et puis il n'y a pas grand monde sur la route. Sauf celui qui me colle au derrière ! Ma petite voix intérieure me suggère d'arrêter les arrêts, et de filer à Percé avant que le bateau ne parte, car à force de m'arrêter partout où je trouve que c'est beau, je risque d'arriver trop tard. Rien ne sert de courir .... à la fin elle se casse, et elle perd sa place. A Percé. Non ! J' en ai gardé pour le chemin du retour, des arrêts photos. Et j'ai pris le bateau de 11h30 pour l'île. D'abord vers le Rocher-Percé.

La mer est un peu agitée, et mon estomac un peu retourné. Quelle aventure, Bonaventure ! Une heure de marche pour aller voir les colonies de fous de Bassan, de l'autre côté de l'île. Ca piaille, ça se chicane, ça nourrit ses petits,...on pourrait passer des heures à les regarder, pas à les écouter, ni à les sentir. Le spectacle est grandiose ; ils ne sont pas encore tous déjà partis vers le sud.

Quoi de commun entre Percé et et l'Arctique ? La température glaciale de l'eau. Prenant sa source dans les courants des fonds océaniques, le courant du Labrador empreinte le chenal laurentien et remonte en surface grâce au relèvement rapide des fonds marins aux environs de Tadoussac. Froides et riches, les eaux salées se mêlent aux eaux douces du Saint-Laurent pour former le courant de Gaspé qui longe la rive sud du Saint-Laurent et se disperse dans l'ensemble du golfe.

Vers 14h15, je me hâte de redescendre vers le bateau, celui de 15h. Je me presse.Je n'ai jamais marché si vite (mais ça descendait). Le retour à terre ne prend que 15 minutes. Puis c'est le retour à Gaspé, après plusieurs pauses photos, et quelques courses pot au feu, avant de rentrer au coin du feu. J'en profite avant de rentrer aux coins de la couette. La nuit fut pluvieuse ; le parquet de cette maison en bois craquait de partout, les portes grinçaient avec les courants d'air. Puis- je vous dire que je n'ai dormi que d'une oreille ?

 

Mardi 10 octobre

Il pleut encore ce matin. Je boucle mes bagages. Je pars tranquillement. Vers le sud de la Gaspésie. Je connais déjà une partie de la route que j'ai parcourue hier. J'avale des kilomètres, je dévore les paysages, je déguste les couleurs, je me régale de toutes ces sensations de beauté et impressions d'immensité. J'essaie d'imprimer dans ma mémoire tous ces paysages que je ne peux pas prendre en photo. Vers 10h30, j'ai un appel avec Paris. Et la pluie a cessé. Je prends maintenant mon temps. Je pique-nique, face à la mer, le golfe du Saint- Laurent, toujours là.

Puis je m'arrête un peu plus tard, au site historique national de Paspébiac. Ici, je voulais visiter l'important complexe de pêche construit en 1766 par un commerçant aventureux de l'île de Jersey, Charles Robin. À cette époque, Paspébiac était une plaque tournante pour la pêche et la transformation de la morue. Le site a brûlé en 1964. Parmi les 11 bâtiments restants, j'ai pu apercevoir les séchoirs à morue, la tonnellerie et le grand hangar. J'ai fait une grande promenade pour me dégourdir les jambes et respirer les embruns et croiser des habitantes aînées qui prenaient le soleil, sur des bancs qui bordent les planches (comme à Deauville) sur un kilomètre environ.

Et puis, j'ai eu encore envie de m'arrêter.

Pas pour voir le musée des Acadiens au Québec, à Bonaventure, ni pour la Réserve marine, mais pour encore observer le vols des bernaches, dans les Barachois *(t 'as pas le choix dans le bar, y a pas de bar). Sur la route jusqu'à Maria (c'est la ville, pas mon hôtesse) il y avait beaucoup de panneaux indiquant la traversée très frequente de chevreuils, mais malheureusement, je n'en ai pas vu. Par contre de jolies demeures cossues aux pelouses fraîchement tondues, si !

Le paysage devient moins montagneux de ce côté, sauf qu'on voit au loin les montagnes du Nouveau Brunswick. Je suis arrivée chez Renée et Miguel avant le coucher du soleil. Nous avons passé une soirée initiation-recette au Thermomix (beurre de poire - je vous donnerai la recette, si vous me la demandez) accompagné d'un petit coup de rouge. Sympa.

* sorte de marais où l'eau salée rencontre l'eau douce.

 

Mercredi 11 octobre

Soleil annoncé. 15 degrés. Au programme : balade, randonnée et promenade. Je vais marcher quoi ! Seule ou accompagnée, vous le saurez en lisant la suite, la semaine prochaine !

 

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F
Tu roules à droite ou à gauche?
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P
A droite. Bisous
S
C'est beau!! Entre paysages et animaux, on est transportés. <br /> Je pense que dans ta prochaine publication on vous verra à 3...😊.<br /> Quel beau Voyage...<br /> Bise
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P
Oui,c'est super! Oui, on sera à 3, je me réjouis. Bises.
F
eh ben dis donc , tu en vois et tu en dégustes des choses ( au sens large! ) Je sens un superbe album qui se prépare..il y a des noms de lieux super drôles....ici , le temps gris est arrivé et je connais des chanceux qui se préparent à te retrouver.<br /> Bonne continuation ! Bises.
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P
Oui, mais hélas, je n'ai toujours pas fait de kayak ! Oui, on va se régaler à 3 ! Bises à ceux qui voyagent avec moi par ce blog !
C
Et ben dis donc, ça va vite, c'est rythmé, et y'a pas de pause pour respirer. Mais on sent que ça va bien et que ça te plaît. Bonne continuation dans ton périple. Éric et moi t'embrassons
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P
Toute seule, c'est pas le même rythme qu'à deux. Et ce sera différent bientôt à 3. Mais il y a des pauses. Je prends le temps. Le soir, je suis fatiguée ! Mais c'est de la bonne fatigue. Je fais marcher mes jambes et ma tête et ça va bien. Je vous embrasse.
E
J'ai enfin commencé à suivre tes pérégrinations ! Belle nature que celle qu'offre le Canada, entre flore et faune on ne s'ennuie pas. A bientôt, tu reviens quand ? Bisous
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P
Oui, Nature et Culture, j'essaie de profiter des deux. C'est riche en découvertes. Et rencontres. Nous revenons le 30 octobre. Bisous